LES ANECDOTES HISTORIQUES, DROLES OU ENCORE INSOLITES
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Re: LES ANECDOTES HISTORIQUES, DROLES OU ENCORE INSOLITES
les amis
Avoir de la corde de pendu
On emploie cette locution proverbiale pour désigner une personne qui a de la chance, c’est-à-dire qui réussit au jeu ou dans ses entreprises.
On est forcé de prendre dans la superstition l’origine de cette phrase. Dès l’antiquité, à Rome surtout, on attribuait certaines propriétés merveilleuses, surtout pour les maladies, à la corde qui avait servi au supplice d’un pendu.
Au Moyen Age, outre ces propriétés bienfaisantes contre les maux les plus divers, on reconnaissait à la corde d’un pendu la faculté de donner à celui qui la possédait toutes les chances favorables du jeu.
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On conte, vers 1479, à Plessis-les-Tours, qu’un fils de paysan ayant eu l’imprudence de cueillir un fruit dans le verger du roi Louis XI, fut pendu sur l’instant par l’ordre de ce dernier. Dès qu’il fut averti de la triste nouvelle, le vieux père vint recueillir le corps de son fils. Il prit également le soin d’emporter la grosse corde et l’accrocha chez lui, au mur de la cheminée.
Grande fut la stupéfaction du vieux serf quand, le lendemain dès l’aube, il s’aperçut que la vieille corde de chanvre s’était changée en corde d’or massif. Il eut donc quelque chose de bon dans son malheur, ce fut de pouvoir connaître un peu l’aisance en vendant cette corde au poids du précieux métal.
Depuis lors, la corde de pendu fut toujours un porte-veine très recherché.
Petit commentaire perso
On pourrait en faire un commerce au sein du Paradis des turfistes. On trouverait certainement des clients. Maintenant , le plus dur serait de trouver de telles cordes, car en France, il n'y a pas abondance de pendus bien qu'il y ait pléthore de pendarts (Familier et vieux. Personnes qui méritent d'être pendues ; fripons, vauriens.)
Avoir de la corde de pendu
On emploie cette locution proverbiale pour désigner une personne qui a de la chance, c’est-à-dire qui réussit au jeu ou dans ses entreprises.
On est forcé de prendre dans la superstition l’origine de cette phrase. Dès l’antiquité, à Rome surtout, on attribuait certaines propriétés merveilleuses, surtout pour les maladies, à la corde qui avait servi au supplice d’un pendu.
Au Moyen Age, outre ces propriétés bienfaisantes contre les maux les plus divers, on reconnaissait à la corde d’un pendu la faculté de donner à celui qui la possédait toutes les chances favorables du jeu.
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On conte, vers 1479, à Plessis-les-Tours, qu’un fils de paysan ayant eu l’imprudence de cueillir un fruit dans le verger du roi Louis XI, fut pendu sur l’instant par l’ordre de ce dernier. Dès qu’il fut averti de la triste nouvelle, le vieux père vint recueillir le corps de son fils. Il prit également le soin d’emporter la grosse corde et l’accrocha chez lui, au mur de la cheminée.
Grande fut la stupéfaction du vieux serf quand, le lendemain dès l’aube, il s’aperçut que la vieille corde de chanvre s’était changée en corde d’or massif. Il eut donc quelque chose de bon dans son malheur, ce fut de pouvoir connaître un peu l’aisance en vendant cette corde au poids du précieux métal.
Depuis lors, la corde de pendu fut toujours un porte-veine très recherché.
Petit commentaire perso
On pourrait en faire un commerce au sein du Paradis des turfistes. On trouverait certainement des clients. Maintenant , le plus dur serait de trouver de telles cordes, car en France, il n'y a pas abondance de pendus bien qu'il y ait pléthore de pendarts (Familier et vieux. Personnes qui méritent d'être pendues ; fripons, vauriens.)
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Re: LES ANECDOTES HISTORIQUES, DROLES OU ENCORE INSOLITES
les potos
Clauidus mais je ne la prendrai pas
bon mardi
Clauidus mais je ne la prendrai pas
bon mardi
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Re: LES ANECDOTES HISTORIQUES, DROLES OU ENCORE INSOLITES
Claudius
Moi non plus, je n'en veux pas
çà fait froid dans le dos
RASTAMAN2401- president d hippodrome
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Re: LES ANECDOTES HISTORIQUES, DROLES OU ENCORE INSOLITES
les amis
C’est une autre paire de manches
C’est une autre affaire, c’est bien différent
On lit dans une note du livre IV, chapitre 58, de Tristan le Voyageur, par Marchangy : « C’était la mode, sous le règne de Charles V, de porter une espèce de tunique serrée par la taille, et nommée cotte hardie, laquelle montait jusqu’au cou, descendait jusqu’aux pieds et avait la queue traînante ; mais pour les personnes de distinction seulement, outre les manches étroites de cette robe, on y avait adapté une autre paire de manches à la bombarde, qui étaient fendues pour laisser passer tout l’avant-bras, et qui flottaient à vide jusqu’à terre. Ces secondes manches coûtaient beaucoup plus cher que les véritables, peut-être parce qu’elles ne servaient à rien. On leur doit le proverbe : C’est une autre paire de manches. »
Cette explication ne semble pas tout à fait juste. En voici une autre qui paraît meilleure. Les manches étaient autrefois des livrées d’amour que les fiancés et les amants se donnaient réciproquement, et qu’ils promettaient de porter en témoignage de leur tendre engagement, ainsi qu’on le voit dans une nouvelle du troubadour Vidal de Besaudun, où il est question de deux amants qui se jurèrent de porter manches et anneaux l’un de l’autre.
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Ces livrées adoptées pour être le signe de la fidélité, devinrent en même temps celui de l’infidélité. Quand on changeait d’amour, on changeait aussi de manches ; souvent même il arrivait que celles qu’on avait prises la vielle étaient mises au rebut le lendemain, et il y eut tant d’occasions de dire c’est une autre paire de manches, que cette expression fut proverbiale en naissant.
Il y a un vieux dicton populaire qui confirme cette explication ; le voici : On se fait l’amour, et quand l’amour est fait, c’est une autre paire de manches.
L’expression tenir quelqu’un dans sa manche, pour dire en être assuré, l’avoir à sa disposition, est peut-être dérivée du même usage : peut-être aussi a-t-elle dû son origine à l’ancienne coutume de porter la bourse dans la manche, sous l’aisselle gauche. En ce cas, elle serait une variante et un équivalent de cette autre expression autrefois usitée, tenir quelqu’un dans sa bourse.
Henri II, roi d’Angleterre, après avoir obtenu des lettres pontifiantes qui lui donnaient gain de cause contre Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, se vantait, en montrant ces lettres publiquement, de tenir le pape et tous tes cardinaux dans sa bourse.
L’emploi de manche pour bourse se trouve encore dans la phrase proverbiale, aimer plus la manche que le bras, c’est-à-dire aimer mieux son argent que sa personne, comme font les avares. Rabelais (liv. III, ch. 3) s’est servi de cette phrase, dont ses commentateurs n’ont pas donné la raison.
C’est une autre paire de manches
C’est une autre affaire, c’est bien différent
On lit dans une note du livre IV, chapitre 58, de Tristan le Voyageur, par Marchangy : « C’était la mode, sous le règne de Charles V, de porter une espèce de tunique serrée par la taille, et nommée cotte hardie, laquelle montait jusqu’au cou, descendait jusqu’aux pieds et avait la queue traînante ; mais pour les personnes de distinction seulement, outre les manches étroites de cette robe, on y avait adapté une autre paire de manches à la bombarde, qui étaient fendues pour laisser passer tout l’avant-bras, et qui flottaient à vide jusqu’à terre. Ces secondes manches coûtaient beaucoup plus cher que les véritables, peut-être parce qu’elles ne servaient à rien. On leur doit le proverbe : C’est une autre paire de manches. »
Cette explication ne semble pas tout à fait juste. En voici une autre qui paraît meilleure. Les manches étaient autrefois des livrées d’amour que les fiancés et les amants se donnaient réciproquement, et qu’ils promettaient de porter en témoignage de leur tendre engagement, ainsi qu’on le voit dans une nouvelle du troubadour Vidal de Besaudun, où il est question de deux amants qui se jurèrent de porter manches et anneaux l’un de l’autre.
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Ces livrées adoptées pour être le signe de la fidélité, devinrent en même temps celui de l’infidélité. Quand on changeait d’amour, on changeait aussi de manches ; souvent même il arrivait que celles qu’on avait prises la vielle étaient mises au rebut le lendemain, et il y eut tant d’occasions de dire c’est une autre paire de manches, que cette expression fut proverbiale en naissant.
Il y a un vieux dicton populaire qui confirme cette explication ; le voici : On se fait l’amour, et quand l’amour est fait, c’est une autre paire de manches.
L’expression tenir quelqu’un dans sa manche, pour dire en être assuré, l’avoir à sa disposition, est peut-être dérivée du même usage : peut-être aussi a-t-elle dû son origine à l’ancienne coutume de porter la bourse dans la manche, sous l’aisselle gauche. En ce cas, elle serait une variante et un équivalent de cette autre expression autrefois usitée, tenir quelqu’un dans sa bourse.
Henri II, roi d’Angleterre, après avoir obtenu des lettres pontifiantes qui lui donnaient gain de cause contre Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, se vantait, en montrant ces lettres publiquement, de tenir le pape et tous tes cardinaux dans sa bourse.
L’emploi de manche pour bourse se trouve encore dans la phrase proverbiale, aimer plus la manche que le bras, c’est-à-dire aimer mieux son argent que sa personne, comme font les avares. Rabelais (liv. III, ch. 3) s’est servi de cette phrase, dont ses commentateurs n’ont pas donné la raison.
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Claudius
Bonne journée
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Re: LES ANECDOTES HISTORIQUES, DROLES OU ENCORE INSOLITES
les amis
Un peu d’absence fait grand bien
Une courte séparation fait que les personnes qui s’aiment se revoient avec un grand plaisir
Effectivement, le sentiment s’affaiblit par l’habitude d’être ensemble et se retrempe par l’absence. Voici quelques lignes de Montaigne (XVIe siècle) sur ce sujet. (Essais, livre III, chapitre 9).
« L’imagination embrasse plus chaudement et plus continuellement ce qu’elle va guérir que ce que nous touchons. Comptez vos amusements journaliers : vous trouverez que vous êtes le plus absent de votre ami lorsqu’il vous est présent. Son assistance relâche toute votre attention et donne liberté à votre pensée de s’absenter à toute heure pour toute occasion. »
Un poète comique du XVIIIe siècle, Barthe, a dit dans une de ses comédies :
La beauté, même à l’œil, sait-elle toujours plaire ?
Vous croyez que le temps la détruit ou l’altère :
L’habitude, voilà son plus triste ennemi.
A qui nous voit toujours on ne plaît qu’à demi.
La Rochefoucauld (XVIIe siècle), dans ses Maximes, a comparé l’absence au vent qui allume le feu et éteint les bougies.
Un peu d’absence fait grand bien
Une courte séparation fait que les personnes qui s’aiment se revoient avec un grand plaisir
Effectivement, le sentiment s’affaiblit par l’habitude d’être ensemble et se retrempe par l’absence. Voici quelques lignes de Montaigne (XVIe siècle) sur ce sujet. (Essais, livre III, chapitre 9).
« L’imagination embrasse plus chaudement et plus continuellement ce qu’elle va guérir que ce que nous touchons. Comptez vos amusements journaliers : vous trouverez que vous êtes le plus absent de votre ami lorsqu’il vous est présent. Son assistance relâche toute votre attention et donne liberté à votre pensée de s’absenter à toute heure pour toute occasion. »
Un poète comique du XVIIIe siècle, Barthe, a dit dans une de ses comédies :
La beauté, même à l’œil, sait-elle toujours plaire ?
Vous croyez que le temps la détruit ou l’altère :
L’habitude, voilà son plus triste ennemi.
A qui nous voit toujours on ne plaît qu’à demi.
La Rochefoucauld (XVIIe siècle), dans ses Maximes, a comparé l’absence au vent qui allume le feu et éteint les bougies.
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les potos
Claudius
C'est tout à fait vrai
Bonne journée à tous
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LES POTOS
BIEN VU CLAUDIUS
BON JEUDI A VOUS
BIEN VU CLAUDIUS
BON JEUDI A VOUS
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Re: LES ANECDOTES HISTORIQUES, DROLES OU ENCORE INSOLITES
les amis
Rire jaune
Rire de manière forcée, en dissimulant mal un mécontentement, un dépit, une gêne
On connaît la signification de cette expression proverbiale, pour peu qu’on ait observé son visage, sous l’impression de quelque trouble de l’esprit qu’on aura voulu dissimuler agréablement.
En effet, rire jaune se dit d’un homme qui s’efforce de rire, quand il a quelque motif d’être vexé, de s’indigner, de se mettre en colère, mais qui par prudence, par peur ou par bienséance, concentre sa bile, et feint une gaieté qu’il ne ressent pas. La bile lui monte alors à la figure, et selon qu’il est plus ou moins affecté, lui donne cette teinte jaune qui fait un si plaisant contraste avec la dilatation musculaire occasionnée par le rire.
Tels même, qui au fond de l’âme sont ulcérés, ne se refusent pas en pareil cas la plaisanterie, et il n’est pas rare qu’ils s’en fassent eux-mêmes l’objet. Mais il faut pour cela beaucoup d’esprit, un grand usage du monde, et une certaine dose d’effronterie. Celle-ci toutefois n’est pas indispensable. Cicéron n’était point un effronté, mais il était extrêmement spirituel, et avait cette expérience des hommes qui s’acquiert au maniement des grandes affaires et au spectacle des révolutions. Combien de fois, dans le cours de sa vie si pleine et si agitée, n’eut-il pas à dissimuler les souffrances de son orgueil et de son patriotisme ?
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Aussi, non-seulement lui est-il arrivé plus d’une fois de rire jaune, mais encore il nous a transmis l’expression par laquelle il rendait l’état de son esprit dans ces circonstances critiques. Cette expression, qui semble avoir été proverbiale à Rome, comme elle est chez nous, est ridere in stomacho.
Racontant à Célius (Ep. Fam., II, 16) les motifs de son indignation, à l’aspect de la ruine de la constitution romaine, il parle des hommes qui sont à l’affût des faveurs, de César, et citant entre autres Curtius qui comptait sur le manteau de double pourpre, c’est-à-dire le manteau augural, il dit : « Mais le teinturier (entendant César) le fait attendre ; » Sed eum infector moratur. Et il ajoute : Hoc adspersi, ut scires me in stomacho solere ridere.
Nos pères avaient a priori quelque connaissance de cette formule, quoiqu’ils ne paraissent pas l’avoir exprimée comme on l’exprime aujourd’hui. Mais chez eux, la couleur jaune était mal notée, et l’emblème du mensonge. Guillaume de Machault, dans le Remède de la Fortune :
Le noir se monstre en la coulour
Signifiance de dolour ;
Blanc, joie ; vers, nouvelleté ;
Et le jaune, c’est fausseté.
Le rouge trahit les impressions que le jaune dissimule. C’est lui qui dépose contre les femmes, les enfants, et contre ceux particulièrement qui, au milieu de leurs erreurs et de leurs fautes, gardent un fond d’honnêteté et de pudeur. Mais tout le monde ne sait pas la cause de cet attribut compromettant. Les médecins du corps l’expliquent à leur façon : voici un grand et éloquent médecin des âmes qui l’explique à la sienne.
Grégoire de Nazianze, prêchant un jour contre la coquetterie des femmes, leur reprochait avec véhémence de se teindre la figure, afin d’en rehausser l’éclat, et de s’attirer les compliments des hommes. De là, selon lui, à l’adultère la distance était courte.
« Écoutez, dit-il, un apologue ; il se rapporte au désordre que je signale et qui fait votre honte. Si grande était jadis la confusion parmi les hommes, que les meilleurs n’y étaient aucunement distingués des plus mauvais. Un très grand nombre d’honnêtes gens passaient pour injustes et pour criminels, tandis que quantité de sots et de pervers étaient hautement estimés. La gloire était aux plus infimes, aux plus abjects, le mépris aux plus excellents.
« Mais Dieu s’apercevant enfin que la condition des méchants sur la terre était la meilleure, en fut indigné, et dit : Il n’est pas juste que le partage soit égal entre les bons et les mauvais, c’est pourquoi je leur mettrai un signe qui les fera distinguer les uns des autres, sans qu’il soit possible de s’y tromper. Ayant ainsi parlé, il ordonna que le sang paraîtrait à travers la peau sur le visage des bons, toutes les fois qu’ils seraient sur le point de commettre quelque acte honteux. Il voulut que le rouge, effet de ce sang injecté, se montrât plus éclatant chez les femmes, parce qu’elles ont le cœur plus sensible et la peau plus transparente. Mais il condensa le sang chez les méchants et le tint immobile à l’intérieur ; d’où il advint qu’ils n’ont honte de rien et ne rougissent jamais. »
Rire jaune
Rire de manière forcée, en dissimulant mal un mécontentement, un dépit, une gêne
On connaît la signification de cette expression proverbiale, pour peu qu’on ait observé son visage, sous l’impression de quelque trouble de l’esprit qu’on aura voulu dissimuler agréablement.
En effet, rire jaune se dit d’un homme qui s’efforce de rire, quand il a quelque motif d’être vexé, de s’indigner, de se mettre en colère, mais qui par prudence, par peur ou par bienséance, concentre sa bile, et feint une gaieté qu’il ne ressent pas. La bile lui monte alors à la figure, et selon qu’il est plus ou moins affecté, lui donne cette teinte jaune qui fait un si plaisant contraste avec la dilatation musculaire occasionnée par le rire.
Tels même, qui au fond de l’âme sont ulcérés, ne se refusent pas en pareil cas la plaisanterie, et il n’est pas rare qu’ils s’en fassent eux-mêmes l’objet. Mais il faut pour cela beaucoup d’esprit, un grand usage du monde, et une certaine dose d’effronterie. Celle-ci toutefois n’est pas indispensable. Cicéron n’était point un effronté, mais il était extrêmement spirituel, et avait cette expérience des hommes qui s’acquiert au maniement des grandes affaires et au spectacle des révolutions. Combien de fois, dans le cours de sa vie si pleine et si agitée, n’eut-il pas à dissimuler les souffrances de son orgueil et de son patriotisme ?
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Aussi, non-seulement lui est-il arrivé plus d’une fois de rire jaune, mais encore il nous a transmis l’expression par laquelle il rendait l’état de son esprit dans ces circonstances critiques. Cette expression, qui semble avoir été proverbiale à Rome, comme elle est chez nous, est ridere in stomacho.
Racontant à Célius (Ep. Fam., II, 16) les motifs de son indignation, à l’aspect de la ruine de la constitution romaine, il parle des hommes qui sont à l’affût des faveurs, de César, et citant entre autres Curtius qui comptait sur le manteau de double pourpre, c’est-à-dire le manteau augural, il dit : « Mais le teinturier (entendant César) le fait attendre ; » Sed eum infector moratur. Et il ajoute : Hoc adspersi, ut scires me in stomacho solere ridere.
Nos pères avaient a priori quelque connaissance de cette formule, quoiqu’ils ne paraissent pas l’avoir exprimée comme on l’exprime aujourd’hui. Mais chez eux, la couleur jaune était mal notée, et l’emblème du mensonge. Guillaume de Machault, dans le Remède de la Fortune :
Le noir se monstre en la coulour
Signifiance de dolour ;
Blanc, joie ; vers, nouvelleté ;
Et le jaune, c’est fausseté.
Le rouge trahit les impressions que le jaune dissimule. C’est lui qui dépose contre les femmes, les enfants, et contre ceux particulièrement qui, au milieu de leurs erreurs et de leurs fautes, gardent un fond d’honnêteté et de pudeur. Mais tout le monde ne sait pas la cause de cet attribut compromettant. Les médecins du corps l’expliquent à leur façon : voici un grand et éloquent médecin des âmes qui l’explique à la sienne.
Grégoire de Nazianze, prêchant un jour contre la coquetterie des femmes, leur reprochait avec véhémence de se teindre la figure, afin d’en rehausser l’éclat, et de s’attirer les compliments des hommes. De là, selon lui, à l’adultère la distance était courte.
« Écoutez, dit-il, un apologue ; il se rapporte au désordre que je signale et qui fait votre honte. Si grande était jadis la confusion parmi les hommes, que les meilleurs n’y étaient aucunement distingués des plus mauvais. Un très grand nombre d’honnêtes gens passaient pour injustes et pour criminels, tandis que quantité de sots et de pervers étaient hautement estimés. La gloire était aux plus infimes, aux plus abjects, le mépris aux plus excellents.
« Mais Dieu s’apercevant enfin que la condition des méchants sur la terre était la meilleure, en fut indigné, et dit : Il n’est pas juste que le partage soit égal entre les bons et les mauvais, c’est pourquoi je leur mettrai un signe qui les fera distinguer les uns des autres, sans qu’il soit possible de s’y tromper. Ayant ainsi parlé, il ordonna que le sang paraîtrait à travers la peau sur le visage des bons, toutes les fois qu’ils seraient sur le point de commettre quelque acte honteux. Il voulut que le rouge, effet de ce sang injecté, se montrât plus éclatant chez les femmes, parce qu’elles ont le cœur plus sensible et la peau plus transparente. Mais il condensa le sang chez les méchants et le tint immobile à l’intérieur ; d’où il advint qu’ils n’ont honte de rien et ne rougissent jamais. »
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Claudius
Bon week-end
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les amis
C’est la danse des dindons
Chose qu’on a l’air de faire de bonne grâce, quoique ce soit à contre-cœur
Cette expression proverbiale est fondée sur l’historiette suivante qui paraît être d’une tradition fort ancienne :
Un de ces hommes dont le métier est de spéculer sur la curiosité publique, fit annoncer à son de trompe, un jour de foire, dans une petite ville de province, qu’il donnerait un ballet de dindons. La foule s’empressa d’accourir à ce spectacle extraordinaire ; la salle fut remplie ; des cris d’impatience commandèrent le lever de la toile : le théâtre se découvrit enfin, et l’on vit paraître les acteurs de basse-cour qui sautaient précipitamment, tantôt sur un pied et tantôt sur l’autre, en déployant leur voix aigre et discordante sur tous les tons, tandis que le directeur s’escrimait à les diriger avec une longue perche pour leur faire observer les règles du chassez et du croisez.
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Cette scène burlesque produisit sur les assistants un effet difficile à d’écrire. Les uns se récriaient de surprise, les autres applaudissaient avec transport ; ceux-ci trépignaient de joie, ceux-là poussaient des éclats de rire immodérés ; et l’engouement général était tel que personne ne soupçonnait pourquoi les dindons se donnaient tant de mouvement.
On s’aperçut enfin que c’était pour se soustraire au contact d’une tôle brûlante sur laquelle ils étaient placés. Quelques étincelles échappées d’un des fourneaux disposés sous cette tôle découvrirent le secret de la comédie. Mais en même temps la peur du feu gagna l’assemblée : dans un instant tout y fut tohu-bohu, et les spectateurs et les acteurs, se précipitant pêle-mêle, se sauvèrent comme ils purent, les premiers avec un pied de nez, et les seconds avec des pieds à la Sainte-Ménehould (allusion à la recette de cuisine dans laquelle les pieds de porc sont longtemps bouillis avant d’être panés).
C’est la danse des dindons
Chose qu’on a l’air de faire de bonne grâce, quoique ce soit à contre-cœur
Cette expression proverbiale est fondée sur l’historiette suivante qui paraît être d’une tradition fort ancienne :
Un de ces hommes dont le métier est de spéculer sur la curiosité publique, fit annoncer à son de trompe, un jour de foire, dans une petite ville de province, qu’il donnerait un ballet de dindons. La foule s’empressa d’accourir à ce spectacle extraordinaire ; la salle fut remplie ; des cris d’impatience commandèrent le lever de la toile : le théâtre se découvrit enfin, et l’on vit paraître les acteurs de basse-cour qui sautaient précipitamment, tantôt sur un pied et tantôt sur l’autre, en déployant leur voix aigre et discordante sur tous les tons, tandis que le directeur s’escrimait à les diriger avec une longue perche pour leur faire observer les règles du chassez et du croisez.
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Cette scène burlesque produisit sur les assistants un effet difficile à d’écrire. Les uns se récriaient de surprise, les autres applaudissaient avec transport ; ceux-ci trépignaient de joie, ceux-là poussaient des éclats de rire immodérés ; et l’engouement général était tel que personne ne soupçonnait pourquoi les dindons se donnaient tant de mouvement.
On s’aperçut enfin que c’était pour se soustraire au contact d’une tôle brûlante sur laquelle ils étaient placés. Quelques étincelles échappées d’un des fourneaux disposés sous cette tôle découvrirent le secret de la comédie. Mais en même temps la peur du feu gagna l’assemblée : dans un instant tout y fut tohu-bohu, et les spectateurs et les acteurs, se précipitant pêle-mêle, se sauvèrent comme ils purent, les premiers avec un pied de nez, et les seconds avec des pieds à la Sainte-Ménehould (allusion à la recette de cuisine dans laquelle les pieds de porc sont longtemps bouillis avant d’être panés).
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les amis
Charles-Henri Sanson, bourreau de Louis XVI, rétablit la vérité quant au courage du roi sur l’échafaud
Quelques semaines après la mort de Louis XVI et cependant que des journaux relaient certaines voix révoquant en doute la sérénité intrépide du roi sur l’échafaud, le bourreau Charles-Henri Sanson qui avait, de sa propre main, procédé à la décapitation, rétablit la vérité, étant de fait un témoin privilégié des derniers instants du monarque déchu
Voici la lettre qu’il écrivait à ce sujet à M. Bérard, rédacteur du Bulletin national : « L’article inséré dans le n°42 du Journal de Bruxelles sur les dernières paroles de Louis Capet, est le même que celui qui est inséré dans le n°410 du Thermomètre du jour. J’ai déjà écrit pour le démentir, comme étant de toute fausseté. Voici la copie exacte de ma lettre pour détruire l’anecdote ou l’on me faisait parler :
« Descendant de la voiture pour l’exécution, on lui dit qu’il fallait ôter son habit. Il fit quelques difficultés, en disant qu’on pouvait l’exécuter comme il était. Sur la représentation que la chose était impossible, il a lui-même aidé à ôter son habit. Il fit encore la même difficulté lorsqu’il s’agit de lui lier les mains qu’il donna ensuite lui-même lorsque la personne qui l’accompagnait lui eut dit que c’était un dernier sacrifice.
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Décapitation de Louis XVI le 21 janvier 1793. Collection Musée de l’Histoire vivante – Montreuil
« Alors il s’informa si les tambours battraient toujours : il lui fut répondu qu’on n’en savait rien, et c’était la vérité. Il monta sur l’échafaud et voulut s’avancer sur le devant comme pour parler ; mais on lui représenta que la chose était impossible. II se laissa alors conduire à l’endroit où on l’attacha ; et d’où il s’est écrié très haut : Peuple, je meurs innocent ! Se tournant vers nous, il nous dit : Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m’inculpe ; je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français.
« Voilà ses véritables et dernières paroles. L’espèce de petit débat qui se fit au pied de l’échafaud roulait sur ce qu’il ne croyait pas nécessaire qu’il ôtât son habit et qu’on lui liât les mains. Il fit aussi la proposition de se couper lui-même les cheveux.
« Pour rendre hommage à la vérité, il a soutenu tout cela avec un sang-froid et une fermeté qui nous a tous étonnés. Je reste très convaincu qu’il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion, dont personne ne paraissait plus pénétré et plus persuadé que lui.
« Vous pouvez vous servir de ma lettre, comme contenant les choses les plus vraies et la plus exacte vérité. »
Signé Samson, Exécuteur des jugements criminels.
Ce 23 février 1793.
Vers 1860, rapporte le Salut public de Lyon, mourait, dans les environs de Vinay (Isère), le nommé Pierrard, dit le Trembleur, vieillard de plus de 90 ans. Cet homme, perruquier de son état, et jadis tambour au service de la République, commandait, comme tambour-maître, les tambours auxquels le général Santerre ordonna le roulement qui coupa la parole à Louis XVI sur l’échafaud.
On l’appelait le Trembleur parce que toutes les fois qu’il parlait de cet événement, il éprouvait un tressaillement si fort que sa tête se balançait sur ses épaules comme celles d’un poussah.
Charles-Henri Sanson, bourreau de Louis XVI, rétablit la vérité quant au courage du roi sur l’échafaud
Quelques semaines après la mort de Louis XVI et cependant que des journaux relaient certaines voix révoquant en doute la sérénité intrépide du roi sur l’échafaud, le bourreau Charles-Henri Sanson qui avait, de sa propre main, procédé à la décapitation, rétablit la vérité, étant de fait un témoin privilégié des derniers instants du monarque déchu
Voici la lettre qu’il écrivait à ce sujet à M. Bérard, rédacteur du Bulletin national : « L’article inséré dans le n°42 du Journal de Bruxelles sur les dernières paroles de Louis Capet, est le même que celui qui est inséré dans le n°410 du Thermomètre du jour. J’ai déjà écrit pour le démentir, comme étant de toute fausseté. Voici la copie exacte de ma lettre pour détruire l’anecdote ou l’on me faisait parler :
« Descendant de la voiture pour l’exécution, on lui dit qu’il fallait ôter son habit. Il fit quelques difficultés, en disant qu’on pouvait l’exécuter comme il était. Sur la représentation que la chose était impossible, il a lui-même aidé à ôter son habit. Il fit encore la même difficulté lorsqu’il s’agit de lui lier les mains qu’il donna ensuite lui-même lorsque la personne qui l’accompagnait lui eut dit que c’était un dernier sacrifice.
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Décapitation de Louis XVI le 21 janvier 1793. Collection Musée de l’Histoire vivante – Montreuil
« Alors il s’informa si les tambours battraient toujours : il lui fut répondu qu’on n’en savait rien, et c’était la vérité. Il monta sur l’échafaud et voulut s’avancer sur le devant comme pour parler ; mais on lui représenta que la chose était impossible. II se laissa alors conduire à l’endroit où on l’attacha ; et d’où il s’est écrié très haut : Peuple, je meurs innocent ! Se tournant vers nous, il nous dit : Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m’inculpe ; je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français.
« Voilà ses véritables et dernières paroles. L’espèce de petit débat qui se fit au pied de l’échafaud roulait sur ce qu’il ne croyait pas nécessaire qu’il ôtât son habit et qu’on lui liât les mains. Il fit aussi la proposition de se couper lui-même les cheveux.
« Pour rendre hommage à la vérité, il a soutenu tout cela avec un sang-froid et une fermeté qui nous a tous étonnés. Je reste très convaincu qu’il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion, dont personne ne paraissait plus pénétré et plus persuadé que lui.
« Vous pouvez vous servir de ma lettre, comme contenant les choses les plus vraies et la plus exacte vérité. »
Signé Samson, Exécuteur des jugements criminels.
Ce 23 février 1793.
Vers 1860, rapporte le Salut public de Lyon, mourait, dans les environs de Vinay (Isère), le nommé Pierrard, dit le Trembleur, vieillard de plus de 90 ans. Cet homme, perruquier de son état, et jadis tambour au service de la République, commandait, comme tambour-maître, les tambours auxquels le général Santerre ordonna le roulement qui coupa la parole à Louis XVI sur l’échafaud.
On l’appelait le Trembleur parce que toutes les fois qu’il parlait de cet événement, il éprouvait un tressaillement si fort que sa tête se balançait sur ses épaules comme celles d’un poussah.
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Trêve des confiseurs
La trêve des confiseurs est, en France, une appellation plaisante de la période entre Noël et le jour de l'an, période généralement passée au repos.
L'expression est apparue en France vers 1875, à l'occasion des vifs débats, à la Chambre, entre monarchistes, bonapartistes et républicains, sur la future constitution de la Troisième République. En décembre 1874, « d'un commun accord, tous les groupes de la Chambre jugèrent que l'époque du renouvellement de l'année était peu propice à des débats passionnés. À cette occasion la presse satirique imagine le mot de « trêve des confiseurs » »1 (Jules Lermina, Fondation de la République française, 1882).
« Aux approches de Noël, par une sorte d'accord entre les parlementaires, on ne soulève pas de questions irritantes, qui, troublant l'esprit public, nuiraient aux affaires. Et même, afin de mieux vivre en paix, on se sépare, on se donne des vacances. Donc, point d'aigres propos et pendant cette accalmie, les marchands de sucreries, de gâteaux, de friandises, font, tout doucement, leur petit commerce. Les confiseurs jubilent, profitant de la suspension des hostilités à la Chambre, et cette tranquillité dont ils bénéficient s'est appelée la trêve des confiseurs2. »
— T. Pavot, L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, questions et réponses, communications diverses à l'usage de tous, littérateurs et gens du monde, artistes, bibliophiles, archéologues, généalogistes, etc. Volume 38, 20 septembre 1898
En 1892, on trouve l'expression sous la plume de Paul Verlaine dans une correspondance :
« Mon cher Vanier, maintenant que voici passée « la trêve des confiseurs », recausons un peu... pas d'argent. Ah, c'est bien, çà, hein ? mais patience ! Attendez. En attendant me voilà bon prince, et parlons littérature. »
Trêve des confiseurs
La trêve des confiseurs est, en France, une appellation plaisante de la période entre Noël et le jour de l'an, période généralement passée au repos.
L'expression est apparue en France vers 1875, à l'occasion des vifs débats, à la Chambre, entre monarchistes, bonapartistes et républicains, sur la future constitution de la Troisième République. En décembre 1874, « d'un commun accord, tous les groupes de la Chambre jugèrent que l'époque du renouvellement de l'année était peu propice à des débats passionnés. À cette occasion la presse satirique imagine le mot de « trêve des confiseurs » »1 (Jules Lermina, Fondation de la République française, 1882).
« Aux approches de Noël, par une sorte d'accord entre les parlementaires, on ne soulève pas de questions irritantes, qui, troublant l'esprit public, nuiraient aux affaires. Et même, afin de mieux vivre en paix, on se sépare, on se donne des vacances. Donc, point d'aigres propos et pendant cette accalmie, les marchands de sucreries, de gâteaux, de friandises, font, tout doucement, leur petit commerce. Les confiseurs jubilent, profitant de la suspension des hostilités à la Chambre, et cette tranquillité dont ils bénéficient s'est appelée la trêve des confiseurs2. »
— T. Pavot, L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, questions et réponses, communications diverses à l'usage de tous, littérateurs et gens du monde, artistes, bibliophiles, archéologues, généalogistes, etc. Volume 38, 20 septembre 1898
En 1892, on trouve l'expression sous la plume de Paul Verlaine dans une correspondance :
« Mon cher Vanier, maintenant que voici passée « la trêve des confiseurs », recausons un peu... pas d'argent. Ah, c'est bien, çà, hein ? mais patience ! Attendez. En attendant me voilà bon prince, et parlons littérature. »
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à vous
Bonne journée
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Allumer la chandelle à quatre cornes
Vieille expression proverbiale dont on se sert encore quelquefois en certaines provinces et même à Paris pour marquer le contentement d’un père et d’une mère qui marient la plus jeune de leurs filles, après avoir marié toutes les autres
Elle rappelle la coutume anciennement observée, en pareil cas, de faire une espèce d’illumination de joie en allumant toutes les mèches d’une grande lampe de famille qui avait ordinairement quatre cornes ou quatre becs.
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Cette coutume était un reste des antiques formalités du mariage où l’on employait le feu comme élément symbolique. Le recueil manuscrit des anciens Statuts de Marseille (Statuta Massiliensia, an. 1274), nous apprend que le jour des noces on avait soin d’entretenir des luminaires dans l’intérieur des maisons. On peut voir sur ce sujet l’Histoire de Marseille, par Fabre (II, 204).
Il y a une remarque grammaticale à faire sur le mot chandelle, qui pourrait paraître improprement introduit dans l’expression que nous venons d’expliquer. C’est qu’autrefois chandelle était un terme générique désignant à la fois la substance qui éclairait et l’ustensile où cette substance était placée.
Allumer la chandelle à quatre cornes
Vieille expression proverbiale dont on se sert encore quelquefois en certaines provinces et même à Paris pour marquer le contentement d’un père et d’une mère qui marient la plus jeune de leurs filles, après avoir marié toutes les autres
Elle rappelle la coutume anciennement observée, en pareil cas, de faire une espèce d’illumination de joie en allumant toutes les mèches d’une grande lampe de famille qui avait ordinairement quatre cornes ou quatre becs.
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Cette coutume était un reste des antiques formalités du mariage où l’on employait le feu comme élément symbolique. Le recueil manuscrit des anciens Statuts de Marseille (Statuta Massiliensia, an. 1274), nous apprend que le jour des noces on avait soin d’entretenir des luminaires dans l’intérieur des maisons. On peut voir sur ce sujet l’Histoire de Marseille, par Fabre (II, 204).
Il y a une remarque grammaticale à faire sur le mot chandelle, qui pourrait paraître improprement introduit dans l’expression que nous venons d’expliquer. C’est qu’autrefois chandelle était un terme générique désignant à la fois la substance qui éclairait et l’ustensile où cette substance était placée.
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Châtiment des querelleuses
Parmi les peines les plus curieuses, usitées au Moyen Age, en France, en Allemagne et dans le nord de l’Europe, celle de la pierre au cou était encore souvent appliquée dans le XVIIe siècle.
La bouteille du bourreau
La bouteille du bourreau
Les calomniatrices et les querelleuses étaient condamnées à se promener dans les rues de la ville, ayant une pierre suspendue à leur cou : si la faute était plus grave, elles étaient précédées, dans ces promenades, par un cornet ou une trompette, et faisaient trois fois le tour de l’Hôtel-de-Ville, les jours de marché.
Dans l’origine, au lieu de la pierre, on leur attachait un chien, une roue de charrue, etc. ; mais, dans la suite, ce fut toujours une pierre dont la forme différait seulement suivant les pays. Quelquefois cette pierre était sculptée en tête de femme, avec une langue haletante, comme celle d’un chien fatigué ; d’autres fois, c’était l’image d’un chien ou d’un chat, ou bien encore c’était une bouteille que l’on nommait « la bouteille du bourreau » ; et de là naquit le proverbe « boire de la bouteille du bourreau ».
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La bouteille du bourreau
La gravure ci-contre représente une pierre de cette dernière forme, que l’on conserve encore aujourd’hui à Budissin, en Hongrie. Les deux figures que l’on voit sont celles de deux femmes qui s’étaient publiquement battues à Budissin, et qui ont subi pour la dernière fois cette peine, le 15 octobre 1675.
Châtiment des querelleuses
Parmi les peines les plus curieuses, usitées au Moyen Age, en France, en Allemagne et dans le nord de l’Europe, celle de la pierre au cou était encore souvent appliquée dans le XVIIe siècle.
La bouteille du bourreau
La bouteille du bourreau
Les calomniatrices et les querelleuses étaient condamnées à se promener dans les rues de la ville, ayant une pierre suspendue à leur cou : si la faute était plus grave, elles étaient précédées, dans ces promenades, par un cornet ou une trompette, et faisaient trois fois le tour de l’Hôtel-de-Ville, les jours de marché.
Dans l’origine, au lieu de la pierre, on leur attachait un chien, une roue de charrue, etc. ; mais, dans la suite, ce fut toujours une pierre dont la forme différait seulement suivant les pays. Quelquefois cette pierre était sculptée en tête de femme, avec une langue haletante, comme celle d’un chien fatigué ; d’autres fois, c’était l’image d’un chien ou d’un chat, ou bien encore c’était une bouteille que l’on nommait « la bouteille du bourreau » ; et de là naquit le proverbe « boire de la bouteille du bourreau ».
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La bouteille du bourreau
La gravure ci-contre représente une pierre de cette dernière forme, que l’on conserve encore aujourd’hui à Budissin, en Hongrie. Les deux figures que l’on voit sont celles de deux femmes qui s’étaient publiquement battues à Budissin, et qui ont subi pour la dernière fois cette peine, le 15 octobre 1675.
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Claudius
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Allez, une dernière avant de prendre la route;
Elle est un peu longue, mais elle est de circonstance à l'approche de Noël.
Jouets d’autrefois qu’abritaient les boutiques à un sou
A l’approche de la Noël 1872, le romancier et journaliste Paul Parfait, qui fut également secrétaire d’Alexandre Dumas père, vante les mérites et les bienfaits de l’existence des « boutiques à un sou », au sein desquelles pullulent les jouets intemporels et d’une légendaire simplicité, qui feront toujours le bonheur des enfants mais aussi celui des parents les moins argentés : sous sa plume nous poussons la porte de l’une d’elles afin d’apprendre ce que ces jouets d’antan recèlent et comment ils étaient confectionnés... « Ecoutons-le »
Ne méprisons aucune industrie. La plus humble a ses enseignements. Pourquoi, lorsque tant de somptueuses vitrines voudraient m’attirer, que les jouets provocants m’appellent derrière les glaces resplendissantes, m’arrêté-je de préférence devant ce modeste étalage éclairé par deux bougies dont la flamme vacille dans leur tulipe de verre ?... C’est tout d’abord que je hais les joujoux riches.
Que peuvent apprendre à nos enfants, sinon le goût malsain du luxe et de l’ostentation, quelle idée peuvent leur suggérer, sinon celle de l’argent jeté follement à de ruineux caprices, ces polichinelles qui portent dans leurs bosses la nourriture de dix familles ; ces élégants huit-ressorts qui ne roulent pas mieux qu’un simple chariot ; ces jouets, savamment compliqués, qui laissent à la mécanique toute l’œuvre intelligente de leur direction ; enfin, et surtout ces poupées vêtues de soie et de satin qui regardent insolemment les passants, la jupe retroussée et le binocle à l’œil. Combien de mères consentiraient à recevoir, si celles-ci avaient quelques pouces de plus, les poupées effrontées qu’elles n’hésitent pas à donner en société à leurs filles ?
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La poupée de la boutique à un sou est, j’en conviens, aussi peu vêtue qu’une naturelle des îles de l’Océanie ; mais cette nudité n’a rien d’immoral : au contraire. Elle est seulement un éloquent appel à l’habileté précoce des doigts de la future « petite maman ». Quelle supériorité au point de vue de l’éducation chez cette poupée-là ! Et comme elle se met obligeamment à la portée de toutes les bourses !
— Voyez, s’égosille à crier le marchand à travers le froid et la bise, tout est à un sou la pièce, faites vot’ choix dans la vinte !
A côté de lui, une femme surveille les achats, reçoit et rend la monnaie, non sans jeter de temps à autre un coup d’œil au bambin qui donne déjà en fausset l’écho du cri paternel. De par ces humbles jouets, la famille aura le soir une somme rondelette dans sa maigre escarcelle. Est-ce que cette pensée ne vous la rend pas intéressante déjà, la boutique à un sou ?
En vérité, devant la boutique à un sou, je me demande qui peut rester indifférent. En est-il une plus originale, une plus riche même dans sa simplicité ? C’est la boutique encyclopédique ; il n’est rien, remarquez-le, qui ne s’y trouve. L’agréable y est jeté pêle-mêle avec l’utile. Ici un alphabet ou une croix de plomb pour le studieux, là une bourse pour l’économe, un sifflet pour le tapageur, des cartes pour le joueur, une cigarette de camphre pour le malade, un étui pour l’ouvrière et un miroir pour la coquette.
Quant aux jouets, vous les connaissez ; tous sont classiques. Les générations se sont transmis de l’une à l’autre, avec un singulier respect, leurs formes immuables. Tels ils ont été dans vos mains comme ils ont été dans les miennes, tels ils furent dans les mains de nos pères ; et c’est une des raisons qui font que je les aime, car je retrouve en eux comme un parfum d’autrefois, et je me souviens des joies sans mélange qu’ils ont causées à si bon compte à mon enfance.
Voici la ferblanterie et la poterie en miniature, parmi lesquelles je retrouve le vase à rebords et à anses, qui a fait de tous temps les délices de la jeunesse gauloise. Voici le singe articulé, toujours prêt à faire la culbute au sommet de son bâton ; voici l’ingénieux serpent de bois qui ondule avec tant de souplesse, et la grenouille à ressort qui saute si bien. Voici la crécelle bruyante et les maréchaux-ferrants dont les marteaux alternent si brillamment sur l’enclume, et le cavalier sans jambes, dont le cheval porte un sifflet si malhonnêtement placé.
Ces derniers joujoux sortent tous trois des fabriques de Liesse, la Liesse du pèlerinage, qui a encore la spécialité des moulins rouges et celle des baguettes de tambour à cinq francs le cent. Liesse, en vieux français, signifie joie : un nom prédestiné ! Je ne sais rien de plus flambant que les couleurs liessoises. Où les artistes du pays vont-ils chercher les tons furieux dont ils illuminent leurs produits ? Leur jaune rayonne, leur rouge flamboie, leur bleu éclate. On se persuade difficilement que le feu ne prend pas de temps à autre à leurs pinceaux.
Comprenez-vous ce bon pays qui passe son existence entière à exécuter des crécelles, des cavaliers de bois, des maréchaux-ferrants, des moulins et des baguettes de tambour ! Il n’y a pas bien longtemps que les pauvres diables, livrés à cette industrie, étaient encore à la merci d’entrepreneurs qui les payaient en nature. Ils avaient un compte perpétuellement ouvert chez le patron, et celui-ci leur fournissait, aux taux qui lui plaisait, les matières premières : bois et couleurs, et jusqu’aux objets de consommation : pain, sucre, café, savon, etc. Au jour de l’an, un menu cadeau tenait souvent lieu de règlement de compte. Ce régime du bon plaisir est heureusement changé. Maintenant les ouvriers de Liesse travaillent pour des maisons parisiennes qui les payent en argent, et se contentent de leur fournir le bois de tilleul qu’elles achètent par coupes de deux ou trois mille arbres.
Le petit poupard de carton à un sou, sans bras ni jambes, avec la tête peinte, la bouche en cœur, trois cailloux clans le ventre, et les yeux bleus, est un produit des environs de Villers-Cotterêts. Cette pauvre petite industrie, acclimatée depuis vingt-cinq ans dans le pays, y a porté dans les classes nécessiteuses un certain bien-être. Les braves poupards ! cela ne vous les fait-il pas aimer un peu ? Villers-Cotterêts ne nous les envoie pourtant que façonnés de colle et de papier gris ; c’est à Paris qu’ils reçoivent leur séduisant coloris. Quel prix ce joujou peut-il être payé à ceux qui le fabriquent ? Ce que je sais, c’est que le marchand en gros les revend à raison de six sous la douzaine aux petits détaillants. Jugez par là de ce que l’ouvrier créateur doit recevoir.
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La petite montre d’étain s’ouvrant, avec un verre bombé et les aiguilles mobiles, et qui passe trente-deux fois dans les mains de l’horloger pour rire, se vend des mêmes aux mêmes huit sous la douzaine. La montre de cuivre estampé, avec sa chaîne de coton jaune, mêlée de fils d’or, se donne encore à un sou meilleur marché. Les flambeaux de plomb ne valent pas plus de quatre sous la douzaine, et le sifflet pas plus de deux sous. Il se fabrique des mirlitons depuis trois sous la douzaine, toujours chez le marchand en gros, les devises comprises, qui s’achètent par feuilles chez les papetiers de la rue Saint-Jacques. Trois sous la douzaine, c’est encore le prix des « foi, espérance et charité » en acier, avec l’anneau qui les réunit, soit un liard pour les quatre objets ensemble.
Toutes ces petites merveilles du bon marché se font à Paris ; et il y a beaucoup de gens qui en vivent. On l’assure, au moins. Il y en a peut-être beaucoup aussi qui en meurent. La plupart n’ont pour gîte que des taudis infects ; vers les hauteurs de Romainville, il est de ces fabricants de plaisir qui remisent dans des huttes construites avec de la boue, De modestes employés cherchent encore dans la confection des joujoux à bas prix un petit supplément à leur maigre salaire. La tête dans les mains, ils poursuivent ardemment la recherche du joujou nouveau, le joujou d’actualité dont ils iront céder le droit d’exploitation à quelque marchand en renom ; et tous les soirs, en s’endormant, rêvent qu’un jouet qu’ils ont découvert leur apporte la fortune.
Nos bimbelotiers fabriquent, toujours pour la boutique à un sou, de petits porte-monnaie en papier, à élastique, fort élégants, ma foi ; des bracelets de perles, avec une médaille, de petits chandeliers ou bougeoirs en verre filé, des jeux de patience, découpés par bottes à la scie circulaire, des cartes, des cerfs-volants, des cigares ou des pipes à musique, que sais-je encore ?
Rien n’arrête ces intrépides travailleurs. Ils se font ferblantiers pour tailler des pelles, des pincettes, des écumoirs, des plats, des boîtes à lait, des cafetières ; fondeurs pour couler des médailles ou des timbales ; tisseurs pour faire au métier ces bourses longues, en coton de couleur, qui sont ornées de deux glands et de deux coulants d’acier. Du plus fin acier ? Je constate et ne garantis rien. Ils se font verriers et confiseurs en même temps, pour fabriquer à la lampe, avec des tubes de verre, ces petites bouteilles remplies d’anis, roses et blancs, qui ne sont souvent que du millet passé dans le sucre. Mais il y aurait mauvaise grâce à les chicaner là-dessus. Tout cela vaut huit sous la douzaine chez le marchand en gros, songeons-y bien !
Je n’aurai gardé d’oublier la boîte à dînette. Une boîte en carton, dont le couvercle est garni d’un verre ; autour du verre, du papier doré ; au fond de la boîte, un lit de ouate ; et, sur cette ouate, quelques ustensiles de table en fer-blanc avec deux serviettes en papier dans leur rond. Huit sous la douzaine ? Toujours ! Les fouets d’enfants, à manche entouré d’une spirale de papier doré, sont exclusivement fabriqués à Paris par des Israélites. Pourquoi ? Ah ! voilà, je n’en sais rien.
C’est un bien pénible ouvrage que la confection de l’animal en papier mâché. Mâché est ici une façon de parler. Le fait est que l’ouvrier prend de vieilles rognures de papier et les pétrit dans l’eau jusqu’à en faire une espèce de pâte, qu’il tamponne avec le pouce dans un moule informe en plâtre, dont il garnit ainsi la paroi. Le moule est en deux morceaux, un pour chaque face de la tête. Quand les deux faces sont faites, l’ouvrier les soude ; puis il trempe le tout dans un pot de peinture blanche à la colle, et, quand cette couche préalable est sèche, il tatoue l’animal à sa fantaisie, ou lui recouvre le dos d’un tout petit carré de peau de mouton avec un cordonnet rouge au cou. Qu’en penses-tu, Florian ? C’est d’un grotesque achevé. Moi, quand je les vois, ces pauvres petits moutons blancs, il me prend de terribles envies de rire — et de pleurer !
Huit sous la douzaine de seconde main ? Parbleu ! Au fait, n’est-ce pas le prix auquel nos marchands en gros livrent les menus joujoux allemands qui, eux encore, nécessitent des frais de transport ? Les joujoux allemands de la boutique à un sou sont les pantins de bois peints, les mobiliers de bois, remarquables par leur ton d’un rouge violacé, des lits, des commodes à porte mobile et à tiroir, des chaises rembourrées couvertes d’étoffes à fleurs, et puis encore des soldats à cheval, ou des quilles, ou une modeste bergerie, ou un ménage dans leur petite boîte ovale. En Allemagne, ces. boîtes se vendent, non se donnent, au prix fabuleux de trois francs ou trois francs cinquante la grosse, soit vingt-cinq à trente centimes la douzaine.
Dans le Tyrol qui fournit les joujoux de bois blanc, c’est mieux encore, ou pis que cela, si vous voulez. La poupée articulée à tête peinte, la petite poupée classique de deux à quatre pouces s’y livre à raison de 1 franc 45 centimes la grosse, juste un centime la pièce. C’est à ne pas croire. A un tel taux, on comprend que les coups de couteau sont comptés : aussi suffit-il du plus petit détail, le nez saillant, par exemple, pour augmenter la valeur de l’objet.
Vous voyez que ceux qui font ces joujoux si gais n’ont pas lieu d’avoir le cœur bien joyeux ; mais ces joujoux doivent du moins à leur excessif bon marché d’être à la portée des plus maigres bourses. Que les petits déshérités soient donc heureux de par la boutique à un sou ! Allons, faites votre choix, braves parents, ne vous gênez pas ! Si le bambin met bientôt en pièces les objets de son affection, la boutique n’est pas loin et vous pourrez les renouveler sans que l’équilibre de votre budget s’en trouve jamais fort dérangé.
Les enfants cherchent volontiers à connaître le secret de leurs joujoux ; vous pourrez leur dire ce qu’il y a de tristesses et de misères au fond de l’objet qui les amuse. Ils comprendront par là qu’il n’y a pas ici-bas de petites choses, que l’argent est chose dure à gagner, mais que le travail et la persévérance triomphent de l’impossible.
Ah ! c’est une grande moraliste que la boutique à un sou !
Allez, une dernière avant de prendre la route;
Elle est un peu longue, mais elle est de circonstance à l'approche de Noël.
Jouets d’autrefois qu’abritaient les boutiques à un sou
A l’approche de la Noël 1872, le romancier et journaliste Paul Parfait, qui fut également secrétaire d’Alexandre Dumas père, vante les mérites et les bienfaits de l’existence des « boutiques à un sou », au sein desquelles pullulent les jouets intemporels et d’une légendaire simplicité, qui feront toujours le bonheur des enfants mais aussi celui des parents les moins argentés : sous sa plume nous poussons la porte de l’une d’elles afin d’apprendre ce que ces jouets d’antan recèlent et comment ils étaient confectionnés... « Ecoutons-le »
Ne méprisons aucune industrie. La plus humble a ses enseignements. Pourquoi, lorsque tant de somptueuses vitrines voudraient m’attirer, que les jouets provocants m’appellent derrière les glaces resplendissantes, m’arrêté-je de préférence devant ce modeste étalage éclairé par deux bougies dont la flamme vacille dans leur tulipe de verre ?... C’est tout d’abord que je hais les joujoux riches.
Que peuvent apprendre à nos enfants, sinon le goût malsain du luxe et de l’ostentation, quelle idée peuvent leur suggérer, sinon celle de l’argent jeté follement à de ruineux caprices, ces polichinelles qui portent dans leurs bosses la nourriture de dix familles ; ces élégants huit-ressorts qui ne roulent pas mieux qu’un simple chariot ; ces jouets, savamment compliqués, qui laissent à la mécanique toute l’œuvre intelligente de leur direction ; enfin, et surtout ces poupées vêtues de soie et de satin qui regardent insolemment les passants, la jupe retroussée et le binocle à l’œil. Combien de mères consentiraient à recevoir, si celles-ci avaient quelques pouces de plus, les poupées effrontées qu’elles n’hésitent pas à donner en société à leurs filles ?
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La poupée de la boutique à un sou est, j’en conviens, aussi peu vêtue qu’une naturelle des îles de l’Océanie ; mais cette nudité n’a rien d’immoral : au contraire. Elle est seulement un éloquent appel à l’habileté précoce des doigts de la future « petite maman ». Quelle supériorité au point de vue de l’éducation chez cette poupée-là ! Et comme elle se met obligeamment à la portée de toutes les bourses !
— Voyez, s’égosille à crier le marchand à travers le froid et la bise, tout est à un sou la pièce, faites vot’ choix dans la vinte !
A côté de lui, une femme surveille les achats, reçoit et rend la monnaie, non sans jeter de temps à autre un coup d’œil au bambin qui donne déjà en fausset l’écho du cri paternel. De par ces humbles jouets, la famille aura le soir une somme rondelette dans sa maigre escarcelle. Est-ce que cette pensée ne vous la rend pas intéressante déjà, la boutique à un sou ?
En vérité, devant la boutique à un sou, je me demande qui peut rester indifférent. En est-il une plus originale, une plus riche même dans sa simplicité ? C’est la boutique encyclopédique ; il n’est rien, remarquez-le, qui ne s’y trouve. L’agréable y est jeté pêle-mêle avec l’utile. Ici un alphabet ou une croix de plomb pour le studieux, là une bourse pour l’économe, un sifflet pour le tapageur, des cartes pour le joueur, une cigarette de camphre pour le malade, un étui pour l’ouvrière et un miroir pour la coquette.
Quant aux jouets, vous les connaissez ; tous sont classiques. Les générations se sont transmis de l’une à l’autre, avec un singulier respect, leurs formes immuables. Tels ils ont été dans vos mains comme ils ont été dans les miennes, tels ils furent dans les mains de nos pères ; et c’est une des raisons qui font que je les aime, car je retrouve en eux comme un parfum d’autrefois, et je me souviens des joies sans mélange qu’ils ont causées à si bon compte à mon enfance.
Voici la ferblanterie et la poterie en miniature, parmi lesquelles je retrouve le vase à rebords et à anses, qui a fait de tous temps les délices de la jeunesse gauloise. Voici le singe articulé, toujours prêt à faire la culbute au sommet de son bâton ; voici l’ingénieux serpent de bois qui ondule avec tant de souplesse, et la grenouille à ressort qui saute si bien. Voici la crécelle bruyante et les maréchaux-ferrants dont les marteaux alternent si brillamment sur l’enclume, et le cavalier sans jambes, dont le cheval porte un sifflet si malhonnêtement placé.
Ces derniers joujoux sortent tous trois des fabriques de Liesse, la Liesse du pèlerinage, qui a encore la spécialité des moulins rouges et celle des baguettes de tambour à cinq francs le cent. Liesse, en vieux français, signifie joie : un nom prédestiné ! Je ne sais rien de plus flambant que les couleurs liessoises. Où les artistes du pays vont-ils chercher les tons furieux dont ils illuminent leurs produits ? Leur jaune rayonne, leur rouge flamboie, leur bleu éclate. On se persuade difficilement que le feu ne prend pas de temps à autre à leurs pinceaux.
Comprenez-vous ce bon pays qui passe son existence entière à exécuter des crécelles, des cavaliers de bois, des maréchaux-ferrants, des moulins et des baguettes de tambour ! Il n’y a pas bien longtemps que les pauvres diables, livrés à cette industrie, étaient encore à la merci d’entrepreneurs qui les payaient en nature. Ils avaient un compte perpétuellement ouvert chez le patron, et celui-ci leur fournissait, aux taux qui lui plaisait, les matières premières : bois et couleurs, et jusqu’aux objets de consommation : pain, sucre, café, savon, etc. Au jour de l’an, un menu cadeau tenait souvent lieu de règlement de compte. Ce régime du bon plaisir est heureusement changé. Maintenant les ouvriers de Liesse travaillent pour des maisons parisiennes qui les payent en argent, et se contentent de leur fournir le bois de tilleul qu’elles achètent par coupes de deux ou trois mille arbres.
Le petit poupard de carton à un sou, sans bras ni jambes, avec la tête peinte, la bouche en cœur, trois cailloux clans le ventre, et les yeux bleus, est un produit des environs de Villers-Cotterêts. Cette pauvre petite industrie, acclimatée depuis vingt-cinq ans dans le pays, y a porté dans les classes nécessiteuses un certain bien-être. Les braves poupards ! cela ne vous les fait-il pas aimer un peu ? Villers-Cotterêts ne nous les envoie pourtant que façonnés de colle et de papier gris ; c’est à Paris qu’ils reçoivent leur séduisant coloris. Quel prix ce joujou peut-il être payé à ceux qui le fabriquent ? Ce que je sais, c’est que le marchand en gros les revend à raison de six sous la douzaine aux petits détaillants. Jugez par là de ce que l’ouvrier créateur doit recevoir.
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La petite montre d’étain s’ouvrant, avec un verre bombé et les aiguilles mobiles, et qui passe trente-deux fois dans les mains de l’horloger pour rire, se vend des mêmes aux mêmes huit sous la douzaine. La montre de cuivre estampé, avec sa chaîne de coton jaune, mêlée de fils d’or, se donne encore à un sou meilleur marché. Les flambeaux de plomb ne valent pas plus de quatre sous la douzaine, et le sifflet pas plus de deux sous. Il se fabrique des mirlitons depuis trois sous la douzaine, toujours chez le marchand en gros, les devises comprises, qui s’achètent par feuilles chez les papetiers de la rue Saint-Jacques. Trois sous la douzaine, c’est encore le prix des « foi, espérance et charité » en acier, avec l’anneau qui les réunit, soit un liard pour les quatre objets ensemble.
Toutes ces petites merveilles du bon marché se font à Paris ; et il y a beaucoup de gens qui en vivent. On l’assure, au moins. Il y en a peut-être beaucoup aussi qui en meurent. La plupart n’ont pour gîte que des taudis infects ; vers les hauteurs de Romainville, il est de ces fabricants de plaisir qui remisent dans des huttes construites avec de la boue, De modestes employés cherchent encore dans la confection des joujoux à bas prix un petit supplément à leur maigre salaire. La tête dans les mains, ils poursuivent ardemment la recherche du joujou nouveau, le joujou d’actualité dont ils iront céder le droit d’exploitation à quelque marchand en renom ; et tous les soirs, en s’endormant, rêvent qu’un jouet qu’ils ont découvert leur apporte la fortune.
Nos bimbelotiers fabriquent, toujours pour la boutique à un sou, de petits porte-monnaie en papier, à élastique, fort élégants, ma foi ; des bracelets de perles, avec une médaille, de petits chandeliers ou bougeoirs en verre filé, des jeux de patience, découpés par bottes à la scie circulaire, des cartes, des cerfs-volants, des cigares ou des pipes à musique, que sais-je encore ?
Rien n’arrête ces intrépides travailleurs. Ils se font ferblantiers pour tailler des pelles, des pincettes, des écumoirs, des plats, des boîtes à lait, des cafetières ; fondeurs pour couler des médailles ou des timbales ; tisseurs pour faire au métier ces bourses longues, en coton de couleur, qui sont ornées de deux glands et de deux coulants d’acier. Du plus fin acier ? Je constate et ne garantis rien. Ils se font verriers et confiseurs en même temps, pour fabriquer à la lampe, avec des tubes de verre, ces petites bouteilles remplies d’anis, roses et blancs, qui ne sont souvent que du millet passé dans le sucre. Mais il y aurait mauvaise grâce à les chicaner là-dessus. Tout cela vaut huit sous la douzaine chez le marchand en gros, songeons-y bien !
Je n’aurai gardé d’oublier la boîte à dînette. Une boîte en carton, dont le couvercle est garni d’un verre ; autour du verre, du papier doré ; au fond de la boîte, un lit de ouate ; et, sur cette ouate, quelques ustensiles de table en fer-blanc avec deux serviettes en papier dans leur rond. Huit sous la douzaine ? Toujours ! Les fouets d’enfants, à manche entouré d’une spirale de papier doré, sont exclusivement fabriqués à Paris par des Israélites. Pourquoi ? Ah ! voilà, je n’en sais rien.
C’est un bien pénible ouvrage que la confection de l’animal en papier mâché. Mâché est ici une façon de parler. Le fait est que l’ouvrier prend de vieilles rognures de papier et les pétrit dans l’eau jusqu’à en faire une espèce de pâte, qu’il tamponne avec le pouce dans un moule informe en plâtre, dont il garnit ainsi la paroi. Le moule est en deux morceaux, un pour chaque face de la tête. Quand les deux faces sont faites, l’ouvrier les soude ; puis il trempe le tout dans un pot de peinture blanche à la colle, et, quand cette couche préalable est sèche, il tatoue l’animal à sa fantaisie, ou lui recouvre le dos d’un tout petit carré de peau de mouton avec un cordonnet rouge au cou. Qu’en penses-tu, Florian ? C’est d’un grotesque achevé. Moi, quand je les vois, ces pauvres petits moutons blancs, il me prend de terribles envies de rire — et de pleurer !
Huit sous la douzaine de seconde main ? Parbleu ! Au fait, n’est-ce pas le prix auquel nos marchands en gros livrent les menus joujoux allemands qui, eux encore, nécessitent des frais de transport ? Les joujoux allemands de la boutique à un sou sont les pantins de bois peints, les mobiliers de bois, remarquables par leur ton d’un rouge violacé, des lits, des commodes à porte mobile et à tiroir, des chaises rembourrées couvertes d’étoffes à fleurs, et puis encore des soldats à cheval, ou des quilles, ou une modeste bergerie, ou un ménage dans leur petite boîte ovale. En Allemagne, ces. boîtes se vendent, non se donnent, au prix fabuleux de trois francs ou trois francs cinquante la grosse, soit vingt-cinq à trente centimes la douzaine.
Dans le Tyrol qui fournit les joujoux de bois blanc, c’est mieux encore, ou pis que cela, si vous voulez. La poupée articulée à tête peinte, la petite poupée classique de deux à quatre pouces s’y livre à raison de 1 franc 45 centimes la grosse, juste un centime la pièce. C’est à ne pas croire. A un tel taux, on comprend que les coups de couteau sont comptés : aussi suffit-il du plus petit détail, le nez saillant, par exemple, pour augmenter la valeur de l’objet.
Vous voyez que ceux qui font ces joujoux si gais n’ont pas lieu d’avoir le cœur bien joyeux ; mais ces joujoux doivent du moins à leur excessif bon marché d’être à la portée des plus maigres bourses. Que les petits déshérités soient donc heureux de par la boutique à un sou ! Allons, faites votre choix, braves parents, ne vous gênez pas ! Si le bambin met bientôt en pièces les objets de son affection, la boutique n’est pas loin et vous pourrez les renouveler sans que l’équilibre de votre budget s’en trouve jamais fort dérangé.
Les enfants cherchent volontiers à connaître le secret de leurs joujoux ; vous pourrez leur dire ce qu’il y a de tristesses et de misères au fond de l’objet qui les amuse. Ils comprendront par là qu’il n’y a pas ici-bas de petites choses, que l’argent est chose dure à gagner, mais que le travail et la persévérance triomphent de l’impossible.
Ah ! c’est une grande moraliste que la boutique à un sou !
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